Les mondes d'Eldeore

Deux bombardiers Azriens survolent les plaines de Tendur, avec à leur bord des missiles thermoélectriques capables d'anéantir totalement une planète si jamais la surface est touchée. Dans ce monde-ci, la technologie n'a pas sa place. Le seul moyen qu'ont les Azriens pour se faire respecter est la diplomatie par la domination. La cible; la chapelle des croyants du culte de Tar. Une fois que leur lieu de culte sera anéanti, une fois les habitants effrayés, il deviendra facile de leur faire perdre espoir, ils abandonneront, et une fois que cette planète appartiendra aux Azriens, les bombardiers partiront dans le reste de la galaxie pour dominer d'autres peuples. Mais le culte de Tar est pacifiste, ils savent qu'ils vont mourir sans jamais riposter. Le fait que leurs dieux soient tous des meurtriers finis ne change pas leur façon de penser à eux et l'ironie s'en mord les doigts. Pourtant, là dehors, quelqu'un a décidé de ne pas laisser qui que ce soit mourir. Quelqu'un qui a traversé assez d'épreuves pour savoir que la vie, peu importe à qui elle appartient, doit être protégée. Si il le faut, il tuera. Oui, oui, je sais; l'ironie encore et toujours. Mais tuer quelqu'un qui s'apprête à commettre un génocide, ça ne compte pas. Alors, afin de sauver le culte de Tar, Archibald Tamna se tient là, debout sur un avion survolant Tendur, armé uniquement de son canif supra-luminique et d'un tromblon ionique, il allait détruire les bombardiers et sauver quand même pas mal de vies innocentes. Normalement. Alors qu'il se tenait fièrement sur l'arrière d'un bombardier, il aperçu enfin la chapelle au loin. Sauver des gens, c'est bien, mais si ils n'en savent rien ils vont encore remercier leur dieux et vous n'avez aucune reconnaissance. Pour une fois, Archi voudrait être accueilli en héros. Il dégaine son tromblon et tire directement en direction de la soute du second bombardier, explosant ainsi la bombe thermoélectrique s'y trouvant. La déflagration poussa l'avion où se trouvait Archi, l'obligeant à s'accrocher à une des ailes pour ne pas tomber. L'avion avait dévié de sa trajectoire, ce qui offrait à Archi l'opportunité de provoquer un crash, de survivre miraculeusement et de devenir un vrai héros. Il planta son canif supra-luminique dans le cockpit, et devant les yeux ébahis de l'homme-oiseau-poisson Azrien qui pilotait, et y perça un trou assez grand pour s'y glisser. Il jeta l'Azrien par-dessus bord et dirigea l'avion vers une montagne, avant de stabiliser les commandes et de se télé-transporter jusqu'au sol, à quelques cents mètres de la chapelle. Il s'y dirigea, s'attendant à voir une foule en délire qui l'acclamerait dès son arrivée. Il marchait en pensant déjà à toutes ces félicitations qui l'attendaient, mais au lieu de ça, il heurta un champ de force et tomba sur les fesses. C'était plutôt inattendu, il resta assis par terre un bon moment avant de se rendre compte de la chose. Même son canif ne pouvait pas traverser ce champ de force. D'un autre côté, ce n'est pas non plus une technologie de pointe, c'est juste un bête canif supra-luminique comme on en trouve au marché rouge d'Albian, et à la foire des ventes de Candrix, et partout ailleurs en fait. C'est là qu'il réalisa qu'il devait se trouver un équipement plus... exceptionnel que ça.

Il tenta de contourner le champ de force pendant des heures, comprenant au fur et à mesure que les bombardiers n'auraient jamais pu le traverser et qu'il avait agi pour rien, comprenant aussi qu'il ne tirerait sûrement jamais aucune gratitude de ses actes, aucuns remerciements quelconques. C'est déprimant, mais il n'est là que pour ça... ce qui est en fait encore plus déprimant. Finalement, après plusieurs heures de marche et de remise en cause de sa propre existence, Archi arriva au niveau d'une espèce de porte géante, qui avait l'air inutile puisque le champ de force est invisible, et par réflexe il essaya de passer à côté. Foutu réflexe, ça fait mal un champ de force quand même. Du coup, il décida de frapper à la porte, de rentrer normalement afin de se renseigner sur les activités des Azriens. Ils ont l'air méchants donc, forcément, il faut leur taper dessus, c'est un peu comme les Aliens de la zone 51 de Terre. C'est du racisme, en soit, mais c'est pour la bonne cause je vous jure. Il fut très bien accueilli dans la chapelle de Tar, et on lui offrit un fromage de Braby bien frais. Puis, suite à sa demande, il fut conduit devant le Prêtre Père afin de discuter des Azriens. Il se trouve qu'ils n'ont aucune idée de pourquoi ils sont attaqués aussi souvent. Parce-que, oui, depuis qu'ils ont découvert leur technologie actuelle l'A.E.R.I.S (Aéroélectrique Inter Spatiale), c'est à dire depuis quelques cinquante ans, les Azriens attaquent régulièrement tout ce qui se trouve à leur portée. Archi se disait que c'était pour coloniser, et surtout pour essayer leurs jouets, le genre de raisons classiques qui poussent souvent une nation à attaquer une planète pacifique en fait. Archibald se rendit vite compte qu'il ne tirerait pas d'informations utiles de ces gens-là, il fallait qu'il se rende à la Triarchie de Reilux. Dans le pire des cas, il détruirait le Hangar pour que les gens d'Azlar n'assassinent sauvagement plus personne, ou du moins personne de planètes pacifiques aux dieux barbares. Il ne précisa pas qu'il avait détourné des bombardiers, afin d'éviter de montrer à quel point il avait été inutile. Après être sorti du champ de force de la Chapelle, Archi se trouva un coin tranquille et passa par un trou de ver pour rejoindre la surface d'Aldebaran. La planète, après avoir écouté le court récit de l'aventure d'Archibald, utilisa encore son don pour se rendre instantanément à Omscion, la galaxie où se trouve la Triarchie de Reilux. Aldebaran s'approchait de plus en plus du système bi-solaire qu'il aurait dû atteindre en arrivant. Il doit encore travailler sa précision, mais ça attendra. La Triarchie de Reilux est un ensemble de trois planètes, en orbite autour de deux soleils (dont l'un orbite déjà autour de l'autre). Les planètes sont utilisées chacune à des fins différentes par les Azriens: on a d'abord La Forge, la planète-usine qui est utilisée pour fabriquer les inventions de scientifiques confirmés, la plus grande des trois, où tout fonctionne avec des machines à vapeur et des mécanismes complexes; la planète Hangar, créée entièrement par machineries avec un moteur à cycle de vapeur de soufre afin de stocker et ranger efficacement les armes et autres engins et circuits de La Forge, et enfin: Azlar, la ville des Azriens d'un côté de la planète, et des bâtiments scientifiques de l'autre. En estimant que les planètes aient des côtés, mais vous avez compris le principe, j'imagine. C'est sûrement là qu'il se rendra en premier, à Azlar et précisément à la mairie qui se situe tout le long de la frontière entre ville et bâtiments scientifiques. Avant de faire exploser tout le monde, Archi aimerait comprendre pourquoi les Azriens essaient de tuer tout le monde et, si possible, il voudrait tenter de les raisonner et ainsi sauver tous les peuples sans commettre de génocide. Ce serait triste en fait.

Par chance, il réussit à se rendre jusqu'à la façade arrière de la Mairie sans se faire remarquer. Bien qu'il n'y ait pas réellement d'arrière ni d'avant. Il escalada sans peine les murs et balcons au-dessus de lui, et atteignit rapidement le balcon luxueux du bureau du Maire (lequel avait en fait deux balcons; un pour chaque côté de la planète). Il rentra discrètement dans le bureau, alors que le Maire était penché sur une pile de papiers probablement importants. Il arriva au centre de la pièce, et admira l'architecture travaillée de l'endroit: quatre piliers de granit soutenaient le plafond, qui avait une forme de dôme; des murs tapissés de draps luxueux au couleurs des armées locales, où par endroit on devinait des machineries complexes. Par endroits, de la vapeur s'échappait des tuyauteries. Archi oubliait presque qu'il se trouvait dans le bureau du chef d'une nation qui ne souhaitait que la destruction des galaxies environnantes. Il se redressa, fier d'être arrivé ici aussi facilement, et alors qu'il ouvrait la bouche pour faire une entrée digne de se nom, le Maire tendit le bras et lui tira une balle paralysante dans le bras. Archibald tomba à terre, une douleur cinglante dans le bras sans pouvoir faire le moindre mouvement. Il entendit vaguement le Maire s'approcher, et lorsqu'il fut assez proche, lui murmurer dans le creux de l'oreille: "Nous allons vous conduire en prison, mais avant que vous ne pourrissiez là-bas, sachez que personne, absolument personne ne nous empêchera de détruire ces sales croyants tout bleus. Personne ne peut contrer notre technologie, pas même un Élu d'Eldeore, car nous avons la technologie de l'Aéroélectrique Résistante Inter Spatiale. Adieu, Tamna."

Archibald ne comprenait pas. Il devenait clair et évident que les Azriens commettaient un crime par pur racisme, relatif au nazisme, mais ce qu'il ne comprenait pas c'était "comment". Comment pouvaient-ils savoir qui l'avait envoyé ? Comment le connaissaient-ils ? La Triarchie de Reilux cache un bien plus grand secret que sa technologie, qui était déjà un bien grand mystère.