Les mondes d'Eldeore

De nombreux mondes sont composées en réalité de quelques planètes seulement, et le reste de leur univers ne comporte pas ou très peu d'étoiles. Pourtant, il y a toujours un moyen de se reposer entre deux galaxies ; les astro-bars. C'est plus courant et à la mode qu'il n'y paraît dans les mondes les plus vieux et avancés technologiquement, alors rien d'étonnant à ce que ces astro-bars soient toujours pleins à craquer. Certains mondes ont déjà acquis le moyen de traverser les dimensions, et alors certaines personnes sont capables de visiter plusieurs versions différentes de leur mondes. Ainsi voyage donc un jeune humain, tout juste entré dans sa période adulte. Mais il est difficile de réellement savoir l'âge d'un voyageur trans-dimensionnel, puisque le cortex temps/dimension affecte sa croissance physique et ralentis souvent le vieillissement de l'individu par rapport au nombre de voyages dans un laps de temps donné. Simple comme bonjour. Il ne se rends pas souvent dans un astro-bar mais aujourd'hui est un jour particulier. Par aujourd'hui, je veux bien sûr parler du jour qu'il a vécu, pas du jour dans lequel il se rends. Il rentre dans le bar, mais pas par la porte, plutôt par le toit. Il se relève, le barman lui crie qu'il devra payer les dégâts, alors il paye. Il a beaucoup d'argent, alors le barman se tait ; il ne veut pas risquer de perdre un potentiel client ayant autant d'argent. Il s'assied au bar avec les excuses et compliments du barman, tout le monde se fiche qu'il ait failli tuer une personne (si on peut qualifier de personne un être jaune et pustuleux de près de trois mètres de haut). Il demande une bière, la boit, en demande une autre qu'il boit tout aussi vite, puis une autre, et encore une autre, jusqu'à ce que le barman n'ait plus de place sur son ardoise. Pourtant il n'est pas saoul, il a l'air d'avoir toute sa tête. Mais il commence à parler, il parle de là d'où il viens, de pourquoi il en viens, de ce qu'il faisait avant d'en venir... Et personne dans le bar n'est ravi par ce qu'il dit. Pourtant il continue, il raconte son histoire, en ajoutant qu'il devra sûrement tuer tout le monde. Il empoigne son épée et demande aux occupants de se diriger derrière le comptoir, et demande une bière. Il continue de parler.

« C'était déjà pas facile de vivre quand j'étais sur Minyon, mais ces derniers jours ça a été vraiment compliqué. Je suis mort. Deux fois. Et on a essayé de me tuer sur Plateau, avant que je ne me suicide. Je crois que je suis mort, je ne sais pas, j'ai atterri je crois sur un astéroïde qui passait par là. J'ai eu vite fait de partir, vous vous en doutez, on avait voulu me tuer quand même ! Mais vous ne savez pas de quoi sont capables les Plateois, c'est une version alternative du futur que vous vivez, une version que vous ne pouvez pas concevoir, avec un nombre infini de planètes. Peut-être même que la notion d'infini vous est étrangère, hé. Enfin, bref, j'aurai dû mourir, j'aurai même sûrement explosé à cause de la pression, je devais me trouver encore dans l'atmosphère de Plateau. Mais, je suis vivant, vous voyez, je suis bien là, devant vous. Et je suis un pirate, mes amis, alors je vais récupérer le contenu de la caisse. Et partir, loin d'ici. C'est pas personnel, je suis comme ça, des fois je sauve des mondes et des planètes, des fois je pille et détruit tout, on n'y peut rien, il faut que je rétablisse l'ordre. Je suis là pour ça. Pas pour rendre Eldeore magnifique, pour rétablir l'ordre. Je parle trop, c'est sûrement l'alcool. Mais vous savez, c'est sympa cet endroit, je crois que je vais laisser l'argent pour le toit. »

Il s'interrompit et pris une profonde inspiration, regarda la salle et reprit :

« Ça me rappelle Minyon. J'étais tout gosse quand on en est partis avec maman. Ça doit bien faire cinquante ans, et j'ai l'air d'en avoir vingt.

La chose jaune et pleine de pustules parut étonnée ;

-Cinquante ans ? Ça fait bien cinquante ans que l'ancienne propriétaire est partie de cet endroit. »

Le pirate était derrière le comptoir, il vidait déjà la caisse. Il posa une liasse de billets à côté de sa chopine, en disant que ce sera pour le toit. Il marcha un peu dans la salle, en effleurant l'un ou l'autre ancien meuble du bout des doigts. Ça lui rappelle des souvenirs. C'est bien Minyon, mais il n'exprime pas ses sentiments. Il est en plein pillage, il préfère éviter d'être sentimental ça l'affiche pas super devant des prisonniers. Des prisonniers, lorsqu'il y pense, il se pose une question : Pourquoi il ne les tue pas ? En effet, si il est là pour rétablir l'ordre, pourquoi On ne veut pas qu'il tue ? Mais au final, il aime mieux ne pas répondre à cette question. Il est malgré lui de retour à Minyon, l'endroit où il a grandi.

Les prisonniers le regardent comme si il était fou, et peut-être est-ce le cas. Il retourna derrière le comptoir et ouvrit un mur secret, derrière lequel se trouvaient auparavant ses petits secrets d'enfant. Il était jeune, il n'avait que des babioles sans la moindre valeur, mais pour lui, ces objets étaient particuliers. Il y avait une boîte contenant quelques bouts de papiers pleins de gribouillis, des figurines de ses héros préférés (car oui, même dans un bar cosmique on entends parler de héros, fictifs ou non), et il y avait déposé une fleur. Une petite fleur blanche que son père lui avait laissé en guise d'adieu, alors qu'il n'était âgé que d'un an.

« Bon, je ne suis sûrement pas revenu par hasard, je ne décide pas vraiment d'où je vais et je suppose que je suis ici pour une raison. Pour arranger un problème de taille, qui se répercute dans le temps et l'espace. Vous ne comprendriez pas, je suis sûr. Il faut que je trouve la source du problème et elle doit être ici. Il y a un vilain pur et dur ici ? Non ? Ah, évidemment, ce n'est pas l'un d'entre vous, comme toujours. Ce n'est jamais si simple de trouver le problème. C'est peut-être à l'autre bout de cet univers, ça m'est déjà arrivé. Mais si je suis arrivé à Minyon, c'est sûrement très proche. Vous devriez avoir peur, il est possible que je vous tue tous, mais ça signerait pour moi une mort lente et douloureuse, ce que j'aimerai mieux éviter, m'voyez. Ça vous dérange si je vais voir en haut ? »

Sans attendre de réponse, il monte les escaliers, et se dirige vers la porte la plus proche, qui porte encore vaguement les inscriptions : « chambre d'Archi »